Du Centre d’Information, Formation, Recherche et Développement pour les originaires d’Outre-Mer (CIFORDOM)
La première édition du Petit Larousse illustré parue en 1906 définissait la femme comme étant la « compagne de l’homme » tandis que l’homme y était qualifié d’« être humain du sexe masculin». La femme était donc perçue comme une possession de l’homme, un être dépourvue d’autonomie et vouée à n’être qu’une « compagne ». Depuis, cette définition a été remaniée et sa part d’humanité a été restituée à la femme désormais qualifiée, à l’instar de l’homme, d’« être humain du sexe féminin ». Malgré une telle reconnaissance, les droits des femmes ne cessent d’être bafoués partout dans le monde et subissent les effets négatifs de mauvais clichés sexistes.
Paul Kadès, journaliste de santé publique, part du constat : « […] des images qui ne reconnaissent à la femme aucune singularité, aucune individualité. La femme réduite à son anatomie autorise la violence ; la femme réduite à une image esthétique permet harcèlements, abandons et exclusions sociales et professionnelles pour celles qui ne parviennent pas à satisfaire au mythe de référence ». De nos jours, il n’y a que 4 pays qui assurent une certaine qualité de vie aux femmes avec une égalité entre les sexes dans la scolarisation secondaire, une forte représentation des femmes dans l’occupation des sièges de parlement ou législature et une égalité dans l’accès à un emploi (Danemark, Finlande, Norvège et Suède). Selon la Banque mondiale lorsque l’égalité des sexes est mieux réalisée, « la croissance économique tend à être plus rapide, les pauvres sortent plus vite de la pauvreté et les conditions de vie des hommes, des femmes et des enfants s’améliorent ».
Les injustices endurées par des millions d’êtres humains de sexe féminin sont inacceptables et pourtant actuelles :
• près de 500 hommes ont lynché une cinquantaine de femmes ouvrières algériennes le 13 juillet 2001 à Hassi
Messaoud, ville pétrolière du Sud de l’Algérie afin qu’elles restent à « leur place, l’unique. Celle exigée par leur sexe. Voulue par la tradition » selon les propos de l’imam d’El Haïcha. Une des victimes et rescapées pense que l’ancien code de la famille a favorisé ce lynchage car il plaçait officiellement les femmes à la disposition et sous le contrôle des hommes. Depuis, il a été remanié entre 2002 et 2005 par la suppression de nombreuses discriminations.
• le viol systématique est utilisé comme arme de guerre contre des femmes à l’instar des horreurs planifiées au Congo-Brazzaville en 1998 : « A grande échelle, les femmes, les jeunes femmes, les filles sont violées, déshonorées, bafouées dans leur dignité de femmes. A grande échelle, les enfants, les vieux, les malades, les couches les plus fragiles sont décimées ». Plusieurs dizaines de milliers de femmes en ont été victimes selon Bill Paton coordinateur humanitaire de l’ONU et non 300 comme l’avait indiqué un rapport en août 1999.
Ces crimes s’impriment dans la mémoire collective. Des Sud-Coréennes âgées entre 82 et 94 ans se réunissent chaque semaine depuis presque 20 ans devant l’ambassade du Japon. Soumises à un système d’asservissement sexuel mis en place par l’armée japonaise pendant les années 30 et 40, elles réclament des excuses officielles de la part du gouvernement nippon. Plus de 200 000 femmes pourraient en avoir été victimes.
• L’exploitation sexuelle des enfants est la pire forme d’esclavage moderne ; 98% des enfants exploités sexuellement à des fins commerciales sont des jeunes filles, selon un rapport de l’OIT de 2005.
Ces quelques exemples dévoilent qu’à notre époque, barbaries et perversités sur fond de sexisme ont la peau dure. Actuellement un vent de révolte de grande ampleur se propage à l’initiative de nombreuses femmes :
• Au Yémen, des femmes ont manifesté le 25 juin 2011 en soutien à Tawakkul Karman, accusée par le régime de conduite immorale pour avoir manifesté pour défendre les droits des femmes lors du soulèvement réclamant le départ de leur président. Tawakkul Karman a été récompensée en octobre 2011 du Nobel de la paix pour avoir œuvré pour la paix, la démocratie et les droits des femmes avant et pendant le “printemps arabe”. Elle partage son prix avec la libérienne Ellen Johnson-Sirleaf, 1ère femme présidente d’un Etat africain et Leymah Gbowee qui est parvenue à mobiliser des femmes de toutes ethnies et de toutes religions pour mettre fin à la guerre civile au Liberia et garantir leur participation aux élections.
• en Uruguay, des femmes ont manifesté lors de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre 2011, pour rappeler que 40 d’entre elles périssent chaque année des suites de violences domestiques.
• En Lybie, des femmes ont manifesté le 26 novembre 2011 pour demander qu’une enquête soit faite sur les violences sexuelles commises par les soldats de Khadafi pendant les combats et que la Cour pénale internationale reconnaisse qu’il s’agit de comme crimes de guerre.
• A Ankara, des militantes turques ont manifesté pour dénoncer le mariage forcé et la violence domestique et sexuelle : une femme sur 4 est battue, 16% d’entre elles sont violées. Sans compter la moyenne quotidienne de 4 crimes d’honneur dont sont victimes les femmes.
La journée du 8 mars est une occasion supplémentaire de rappeler que la préservation de la dignité humaine
est une co-responsabilité de tous sans exception.