Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions
Présence remarquée d'Éloy Coli Conservateur de La Maison Des Esclaves de Gorée et de José Pentoscrope Président du Cifordom et Initiateur du Prix Littéraire FETKANN! Maryse Condé
Un programme exceptionnellement dense de manifestations autour des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, va s’égrainer jusqu’au 29 juin 2018.
L’esclavage et la traite ont une résonance particulière à Nantes – 1er port négrier français jusqu’à l’abolition de 1848 – et plus encore en 2018, où se télescopent plusieurs anniversaires. « En cette année marquée par les 170 ans de l’abolition définitive de l’esclavage en France, les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et les 120 ans de la Ligue des droits de l’Homme, nous avons voulu donner à cette commémoration une ampleur particulière », souligne ainsi Johanna Rolland, maire de Nantes.
La Ville de Nantes a coordonné avec l’agence Air Culture une programme à la hauteur de ce triple anniversaire, avec un ensemble de propositions artistiques, conférences, expositions, spectacles, projections… Une trentaine de partenaires, associatifs et structures culturelles, sont mobilisés. Certains sont engagés depuis plusieurs mois sur des projets de sensibilisation auprès de la jeunesse, placée cette année au cœur des enjeux des commémorations nantaises.
Des invités prestigieux
Le romancier martiniquais Patrick Chamoiseau, l’historien et philosophe camerounais Achille Mbembe, le musicien Abd Al Malik sont les invités officiels de cette commémoration. Ils seront présents lors de la cérémonie officielle (jeudi 10 mai à 17h sur le parvis du palais de justice), dont la dramaturge Gertie Dambury, invitée d’honneur en 2017, assurera la scénographie. Un échange entre les invités et le public est prévu le lendemain lors d’une grande soirée spectacle dans le cadre de Complètement Nantes (vendredi 11 de 19h à 22h à la carrière Miséry).
Une commémoration festive
Après une première soirée spéciale le 27 avril, jour anniversaire du décret d’abolition de 1848, rendez-vous est donné le samedi 12 mai pour une déambulation musicale et théâtrale, dans le centre-ville de Nantes puis sur le site du Mémorial ; deux cortèges partiront à 14h du Bouffay et à 15h de Commerce. A suivre au Mémorial, à partir de 17h, des spectacles gratuits de musique et danse des Caraïbes.
Des expositions
« Zoos humains, l’invention du sauvage », c’est le titre de l’exposition accueillie au CSC de la Boisière jusqu’au 5 mai. Réalisée par l’ACHAC et la Fondation Lilian Thuram, elle raconte l’histoire de femmes, d’hommes et d’enfants exhibés en Europe, en Amérique et au Japon du XVe au XXe siècle. À noter aussi la première exposition accueillie dans la toute nouvelle Maison de l’Afrique, « Regards sur la traite et l’esclavage du XVe au XXIe siècles » (7 au 28 mai) et « L’esclavage d’aujourd’hui » à l’espace Louis-Desgrées (jusqu’au 23 mai). Enfin, rendez-vous au château pour « Expression(s) Décoloniale(s) » , avec Moridja Kitenge Banza, artiste canadien d’origine congolaise, qui propose trois installations dans les salles permanentes.
Conférences, spectacles et films
L’Absurde séance projettera le 3 mai au Katorza « Les négriers », film trash de 1971, suivi d’une table ronde. Pour ce qui est des conférences, les propositions sont légion. Citons « Abolition de l’esclavage, les enjeux de transmission et d’éducation », proposée par Casa Africa avec Eloi Coly, conservateur de la Maison des esclaves de Gorée (9 mai à 18h à la Maison de l’Afrique) ; « De la “bibliothèque coloniale” à la “bibliothèque africaine” ? » (17 mai à 17h30 au château des ducs) ; « Coquillages contre esclaves : les cauris, monnaies de la traite négrière », au Muséum (22 mai à 20h30) ; . À noter encore la conférence théâtralisée « L’esclavage aujourd’hui dans le contexte des migrations » (6 juin à 20h salle Bretagne), qui mêle la parole des spécialistes à celle des artistes.