MARYSE CONDE – RECOIT LE PRIX CINO DEL DUCA

Maryse Condé, née Maryse Boucolon le 11 février 1934 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, est la dernière d’une famille de huit enfants. À 16 ans, elle part étudier l’anglais à la Sorbonne. Pour pallier l’isolement et la nostalgie du pays natal, elle est saisie de l’amour des solitudes qui la pousse à rechercher les stéréotypes des Noirs dans la culture antillaise. La couleur de sa peau est devenue alors, un sujet important. Plus tard, elle épouse Mamadou Condé acteur africain et vit pendant dix ans dans de nombreux pays de ce continent pour découvrir la signification de cette « différence » entre les Noirs et le reste du monde, ainsi que l’impact de la négritude.

Divorcée et de retour à Paris, elle enseigne dans plusieurs universités, épouse en secondes noces l’anglais Richard Philcox et part enseigner à Los Angeles. Installée définitivement aux États-Unis, elle enseigne la littérature française à l’université Columbia et s’intéresse à la race en rapport avec les Noirs, forte de son parcours à travers le monde, en Afrique, en Europe et en Amérique. Elle partage un temps son temps entre son île natale et New-York. Pour couronner ses recherches intellectuelles apportées par l’Afrique et mettre en livre les trésors amassés ici et là, celle qui nourrissait déjà à 12 ans excellence et ambition écrit son premier roman en 1976. Et dire qu’après avoir lu « Les Hauts-de-Hurlevent » le déclencheur de sa passion pour l’écriture, elle s’entendait dire, de ses propres oreilles : « Les gens comme nous n’écrivent pas ». Reconnue d’une qualité d’écriture rare où le tiraillement entre deux cultures est souvent présent, un nouveau style est né.

Écrivaine accomplie, avec une trentaine de romans, elle compte haut parmi les auteurs de la Guadeloupe. C’est une voix singulière de la littérature qui s’est confrontée aux morsures du passé et à leurs rémanences au présent : l’ignominie de l’esclavage, l’injustice de la colonisation, la déception de la décolonisation, le racisme, les discriminations, les inégalités entre les femmes et les hommes. Elle a été la première

femme à recevoir pour son œuvre, le Prix Puterbaugh décerné aux États-Unis à un écrivain de langue française. Pour son talent, elle obtient aussi de nombreux autres Prix dont :

Le grand prix de la femme, pour Moi, Tituba sorcière
Le Prix Anaïs-Ségalas de l’Académie Française, pour la Vie scélérate Le Prix Liberatur, pour Ségou
Le Prix Carbet de la Caraïbe, pour Désirada
Le Prix Marguerite-Yourcenar, pour le Cœur à rire et à pleurer

Le prix de l’Académie française
Prix Tropiques, pour Victoire, les saveurs et les mots
Grand Prix du roman métis, pour En attendant la montée des eaux Prix Littéraire FETKANN ! de la Mémoire, pour la Vie sans fards

Elle remporte en 2018, le Prix Nobel alternatif de la nouvelle Académie, pour l’ensemble de son œuvre.

Elle est :

Grand-Croix de l’ordre national du Mérite Officier de la Légion d’Honneur Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres

En 2015, son nom est associé au prix littéraire FETKANN ! « Mémoire des pays du sud, mémoire de l’humanité »

Et encore, encore, pour l’ensemble de son œuvre, il lui est maintenant décerné le Prix Cino Del Duca, un autre couronnement, par un jury composé de 14 membres dont une majorité de membres de l’Institut de France, 4 membres de l’Académie Française, 2 membres des quatre autres Académies et 2 personnalités extérieures.

Le Prix Cino Del Duca est présidé par le Secrétaire perpétuel de l’Académie française. Avant elle, on trouve les Noms de Léopold Sédar Senghor, Andréï Sakharov et Alejo Carpentier. Le Prix Cino Del Duca est destiné à récompenser et à mieux faire connaître un auteur français ou étranger dont l’œuvre constitue sous forme scientifique ou littéraire, un message d’humanisme moderne.

Madame Maryse Condé, ainsi reconnue, prouve aux nôtres, à travers son combat citoyen, intellectuel et littéraire, qu’être Noir n’est pas une tare, pas un obstacle à la réussite. Être Noir, c’est être Homme. Maryse Condé est un modèle pour nous tous,

pour la jeunesse du monde entier et particulièrement pour les jeunes des pays du Sud. En défiant et en dénonçant par l’écriture les inégalités et les idéologies colonialistes, elle est comme Aimé Césaire, la voix de celles et ceux qui souffrent, la parole de celles et ceux qui n’ont point de bouche. Elle témoigne de nos valeurs intrinsèques. Les jeunesses ultramarine, caribéenne et africaine doivent garder en mémoire son parcours exceptionnel, sa ténacité et son patriotisme, afin de porter leurs projets et s’imposer dans ce monde libéral, difficile et hostile. En s’exprimant dans une langue bouleversante, précise et claire, à la portée de tous, elle est une lumière éclairante pour l’Homme.

Lire enclenche une passion, la passion de lire et d’écrire. Maryse Condé a lu très jeune Emily Brontë, Victor Hugo, Rimbaud, Balzac, Guy de Maupassant, et aussi les nôtres, Aimé Césaire, Edouard Glissant…….

La parole s’en va, les écrits restent.

Le Prix Cino Del Duca a été créé en 1975 par Simone Del Duca pour perpétuer la démarche philanthropique initiée par son mari, Cino Del Duca dans le cadre d’une Fondation. La Fondation Del Duca est abritée à l’Institut de France. Elle œuvre en France et à l’étranger dans le domaine des arts, des lettres et des sciences par le biais de subventions et de Prix attribués chaque année sur proposition des Académies. Le Prix Cino Del Duca est doté de 200 000 euros.

 

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE MARYSE CONDE 19 05 21.pdf