« Le raciste est celui qui pense que tout ce qui est trop différent de lui le menace dans sa
tranquillité. » Tahar Ben Jelloun
Édith Piaf chantée par Aya Nakamura pour la cérémonie d’ouverture des JO. Quelle formidable idée ! Quelle rencontre entre deux caractères, quel choc entre l’argot du 20ème
siècle et celui du 21ème siècle.
L’arrière-grand-père maternel d’Édith Piaf, était un Berbère né à Mogador (aujourd’hui Essaouira), en 1827, et décédé à Montluçon, dans le centre de la France, en 1890. Saïd Ben Mohammed était un acrobate de cirque marocain. Marié à une Italienne, Marguerite Bracco, née Murazzano, il est le père d’Emma ou Aïcha Saïd Ben Mohamed. Celle qui est donc la grand-mère d’Édith Piaf fit également carrière dans le monde du cirque. Elle serait la danseuse mauresque du décor de « La baraque de la Goulue » de Toulouse-Lautrec.
La mère d’Édith Piaf, la fille d’Emma ou Aïcha Ben Saïd, Annetta Maillard, chanta dans de célèbres cabarets parisiens, comme le Chat noir, le Mikado, et le Monocle. Édith Piaf naquit de son union avec Louis Gassion, artiste de rue indépendant et misérable.
L’origine berbère d’Édith Piaf n’a jamais été cachée par la chanteuse. Au contraire, elle aurait toujours manifesté un attachement particulier pour ses racines.
Confiée à sa grand-mère Emma ou Aïcha durant les premières années de sa vie, de 1915 à 1918, Édith avoua avoir été marquée toute sa vie par l’affection et les enseignements de celle- ci.
Le plus grand amour de la môme Piaf fut un autre Berbère, d’origine juive, né à Sidi Bel Abbès : le boxeur Marcel Cerdan, champion du monde des poids moyens. Ayant grandi au Maroc à partir de 1922, Marcel Cerdan était surnommé « le Bombardier marocain ». Il disparut en 1949 dans un accident d’avion au-dessus des Açores. Au large des côtes marocaines.
Édith Piaf est un véritable symbole de la musique française.
Aya Nakamura, de son vrai nom Aya Danioko, est une auteure-compositrice-interprète franco-malienne, née le 10 mai 1995 à Bamako au Mali.
Après des débuts remarqués sur les réseaux sociaux et de nombreuses collaborations, elle fait une percée dès la sortie de son premier album intitulé Journal intime, en 2017, qui est certifié disque de platine après un peu plus de deux ans. En 2018, elle publie son deuxième album Nakamura, avec lequel elle se fait connaître du grand public, propulsée par le single Djadja. Ce nouvel album est certifié disque de diamant, avec des ventes atteignant plus de 550 000 unités en France et plus de 1,2 million d’exemplaires vendus dans le monde. Ses chansons se classent dans les pays francophones et à l’étranger. Fin juin 2019, a lieu la 19e édition de la cérémonie américaine BET Awards où elle est nommée dans la catégorie « meilleur artiste international ». Elle devient alors la première artiste féminine francophone à être nommée dans cette catégorie ; elle est pour l’instant toujours la seule.
En 2020, Aya Nakamura est l’artiste francophone féminine la plus écoutée sur Spotify avec 20 millions d’auditeurs mensuels. Elle sort cette même année son troisième album, Aya. Cet album est certifié double disque de platine en 2023, après s’être vendu à 200 000 exemplaires.
Du rythme, de la vitalité, du dynamisme, c’est ce qui caractérise Aya Nakamura.
Dans ses chansons, Aya Nakamura aime mélanger les langues. « Djo », c’est du nouchi (l’argot ivoirien) et ça veut dire « mec » ou « gars ». Or, c’est quoi les JO. La linguiste et autrice Aurore Vincenti parle de “licence poétique” pour légitimer l’incorrection grammaticale, une pratique usitée en poésie, en littérature, depuis des siècles, et qui s’applique aussi aux musiques dites urbaines. “C’est la liberté prise à l’égard des règles, ce qui signifie qu’on peut transgresser des règles grammaticales, par exemple, pour des raisons phonétiques ou stylistiques”, détaille-t-elle. C’est cela la création artistique.
Quelle formidable rencontre entre la « môme Piaf » et Aya Nakamura : une vraie création artistique. Aya Nakamura : « Tu dead ça ». Tu gères ça.
Du rythme, de la vitalité : Aya Nakamura redonne de la vitalité à la langue française en y introduisant les nouveaux mots portés par les jeunes. C’est la capacité de la langue à se réinventer.
Un « hommage » d’Aya Nakamura à Edith Piaf ne représenterait pas la France ? Comment dire notre écœurement devant tant d’ignorance.
L’ignorance et la peur sont ce qui suscite, provoque, fonde le racisme et l’intolérance dit Tahar Ben Jelloun
Le CIFORDOM regrette qu’aujourd’hui, en France, on transforme la presse d’informations en presse d’opinions et que les réseaux sociaux enflamment la France avec de graves conséquences pour l’avenir.