Du Centre d’Information, Formation, Recherche et Développement pour les originaires d’Outre-mer (CIFORDOM)

L’être humain s’attèle sans cesse à améliorer ses conditions de vie, lesquelles peuvent varier plus ou moins en fonction de la conjoncture. Il est par nature soumis à un cycle de reproduction dont dépendent son existence et sa survie. Ce cycle qui l’amène à vivre et à s’organiser en collectivité, assure sa postérité. En effet, quasiment toutes les communautés à travers le monde gravitent autour de pactes de sociétés sensés garantir la paix civile et la cohésion sociale, et ainsi faciliter le mieux vivre ensemble. Lorsque des crises sociétales surviennent, elles indiquent une forte remise en question des règles et dispositifs mis en place. Ce fut le cas récemment pour le Printemps arabe ainsi que les manifestations des indignés où justice et transparence politique étaient au cœur des revendications. Lorsqu’un régime politique est trop rigide face à la volonté indéfectible d’un peuple, cela conduit généralement à l’anéantissement du système impopulaire.

De nos jours, la remise en question de dispositifs socio-économiques plus favorables aux hommes qu’aux femmes traduit le mal-être grandissant au sein de la société française. Les françaises qui n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1945, sont encore peu représentées dans les assemblées élues. La parité homme – femme réclamée en politique vise à favoriser et garantir l’égalité de droits. Les enjeux sont considérables ! En effet, l’humanité est un concept qui renferme une équation infaillible : le nécessaire équilibre dans la répartition des droits et obligations entre l’homme et la femme, sous peine d’indignité. En clair, il n’y aurait pas de raisons légitimes d’appliquer des règles inégalitaires à une partie de l’humanité au détriment de l’autre puisqu’il s’agit de composantes de la même entité. Il faut créer les conditions favorables pour obtenir l’alchimie nécessaire.

Bien qu’il y ait une différence organique entre l’homme et la femme, elle n’est significative qu’à compter de la période de puberté jusqu’à la période du troisième âge. En effet, c’est à ce moment de la vie que l’être humain est plus ou moins autonome et est en droit œuvrer pour sa propre survie. C’est aussi à ce moment-là qu’il peut-être amené à devoir assumer des responsabilités familiales impliquant l’éducation et l’entretien d’enfants. Les parents sont par principe coresponsables et assument leurs charges proportionnellement à leurs moyens1. Toutefois, le rôle de la femme est primordial de la conception au sevrage2 pour des raisons anatomiques et il est d’usage que le fort attachement s’étende au moins jusqu’aux 7 ans de l’enfant3 pour des raisons psychosociologiques. Ce rôle lié à la maternité à un coût dans la mesure où il a un impact sur la santé physique et psychologique de la femme; c’est un signe de fragilité qui nécessite notamment des suivis gynécologiques et obstétriques, voire psychologiques en cas de séparation brutale de la mère et de l’enfant ou de rapports difficiles. La prise en compte de cet aspect de la vie sociale de la femme a conduit la plupart des communautés à mettre en place des mesures de protection des droits des femmes en amont telles que l’institution du mariage et la procédure de divorce en cas de nécessité afin de faciliter la gestion des rapports homme-femme.

En réalité, malgré l’arsenal de dispositifs de protection existants, la majorité des femmes souffrent de violences et d’injustices par manque de respect. Dans certaines communautés des symboles de différenciation sensés protéger la femme sont mis en œuvre pour susciter une bonne conduite à leur égard (alliance de mariage, tenue vestimentaire, bindi….). Toutefois, avec la mondialisation, certains codes peuvent avoir l’effet inverse et susciter stigmatisations, rejets, et violences. En outre, d’autres communautés conservent des traditions ancestrales ou hérétiques qui portent atteinte à l’intégrité physique des femmes (excision de fillettes, repassage des seins d’adolescentes4…). Il ne s’agit alors plus d’accessoires mais de véritables tortures et mutilations.

Les femmes qui s’en sortent le mieux, sont celles dont les conditions de vie sont facilitées et dont l’intégrité physique est respectée. En France, depuis la seconde guerre mondiale, les femmes sont de plus nombreuses sur le marché du travail. Ce changement a des répercussions sur la vie personnelle et familiale des femmes et en particulier, remet en question la répartition des tâches ménagères au sein des couples. En effet, il n’apparaît pas juste de faire peser sur les épaules des femmes l’essentiel des tâches ménagères et l’éducation des enfants lorsqu’elles ont une vie professionnelle comme leurs homologues masculins. Actuellement, un projet de loi pour l’égalité entre les hommes et les femmes, adopté par le Sénat en septembre 2013 et examiné par les députés en janvier 2014, vise notamment à faire du congé parental un moyen de rééquilibrage entre les hommes et les femmes.

Il appartient à chaque nation de trouver la bonne formule pour instaurer et préserver l’égalité de droits entre les hommes et les femmes. Partout où se trouve des modèles de réussites, il apparait comme un devoir de s’en inspirer afin que chacun puisse vivre dans le respect de sa dignité.


1 Article 212 du Code civil « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance » et Article 213 C.c. « Les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille. Ils pourvoient à l’éduction des enfants et préparent leur avenir ». Le non respect d’une de ces obligations engage la responsabilité du (de la) conjoint (e) défaillant (e).
2 « En tradition africaine l’enfant doit rester attaché à sa mère pendant 33 mois : les neuf mois de la gestation, plus vingt-quatre mois d’allaitement » Amadou Hampâté BA, Jésus vu par un musulman, Ed NEI – EDICEF, Abidjan 1993

3 « Lorsqu’un enfant approche de ses 7 ans, il devient plus autonome, recherche le soutien et l’amitié auprès des autres et dépend moins de son père ou de sa mère » John GRAY, Comment obtenir ce que nous désirons, et apprécier ce que nous possédons, Ed J’ai Lu Bien-être 2002

4 Source : http://www.rue89.com/2013/11/16/cameroun-calvaire-repassage-seins-ados-247505 « Freiner la poussée des seins pour retarder la puberté, pour soustraire les jeunes filles au regard des hommes et pour reculer l’âge du premier rapport sexuel, tel est l’objectif du « repassage », pratique ancestrale qui touche encore une femme sur dix au Cameroun (application de pierres chaudes, de pilons, de spatules ou « serres-seins » pour aplatir la poitrine. Pourtant, près d’un tiers des Camerounaises se retrouvent mères avant l’âge de 16 ans.