Discours prononcé par José Pentoscrope, Président du CIFORDOM Massy le 6 avril 2018

Monsieur le Maire,
Monsieur le Délégué Interministériel à la Lutte contre le Racisme, l’Antisémitisme, et la Haine Anti-LGBT, représenté par Robby JUDES, ancien Ambassadeur de France aux Comores, cher Robby JUDES
Monsieur le Représentant de l’Ambassade d’Haïti en France
Monsieur le député de Guyane, cher Gabriel SERVILLE,
Madame la Présidente Marie-Michelle LEGRAND
Monsieur Lorfils Réjouis, Président de l’ARCHE,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames, Messieurs les Enseignants,
Mesdames et Messieurs les Président d’Associations,
Citoyens, Citoyennes,
Mes chers Collégiens,

Oui mes chers collégiens, c’est à vous que je veux m’adresser aujourd’hui alors que nous sommes sur cette Place Victor Schoelcher, devant la Statue de Toussaint Louverture, pour rendre hommage à ces deux hommes d’exception, qui ont été rassemblés ici, en 1989 par la municipalité dirigée par Claude Germon et le CIFORODM. Ils ont un point commun, celui de s’être battus contre l’oppression de l’homme par l’homme, et contre l’ignominie.

Oui, mes chers enfants, mesdames et messieurs, nous savons que 13 millions d’Africains ont été mis en esclavage et déportés pour travailler dans des plantations au profit des colons et armateurs occidentaux,

Oui, mes chers enfants, mesdames et messieurs ils étaient considérés comme des biens meubles,

Oui, on leur prit tout : leur vie, leur liberté, leurs rêves, leurs espoirs, leurs joies et on leur retira même leur nom d’homme pour en faire du bétail.

Oui, Mes chers enfants, quel bonheur et quelle satisfaction que vous soyez- là ce matin pour manifester votre reconnaissance aux nombreux combattants de la Liberté qui souvent, sont morts à la lutte. Merci à vos professeurs de vous enseigner l’Histoire de l’esclavage mais aussi les valeurs Républicaines de LIBERTE, d’EGALITE, et de FRATERNITE.

Oui, nous sommes là pour ne pas oublier, soyez fiers de votre présence ici !

C’est vrai que « nous ne sommes pas esclaves de l’esclavage » comme le disait « Frantz FANON, mais il faut se souvenir, l’histoire ne doit pas s’effacer, se gommer comme le voudrait certains.

C’est Aimé CESAIRE qui disait « On n’efface pas le passé, on le dépasse ».

Oui mes chers enfants, oui, mesdames et messieurs, nous sommes ici ce matin parce que c’est le 6 avril, veille de la date de la mort de Toussaint Louverture, premier Général Noir français, père de l’indépendance d’Haïti, mort le 7 avril au Fort-de-Joux qui nous regarde sur cette place Victor Schoelcher. Nous sommes aussi là parce que le 27 Avril prochain, dans quelques jours donc, nous célébrerons les 170 ans de la seconde abolition de l’esclavage que nous devons justement à Victor Schoelcher.

Mais comment ne pas rappeler le refus d’être esclaves, des esclaves eux-mêmes.

Ils ont résisté, combattu, marronner, pour trouver la liberté ;

Oui la liberté si chère à un autre combattant illustre : Louis DELGRES, qui lança en 1802, le fameux cri du désespoir : « VIVRE LIBRE OU MOURIR » en s’opposant à Napoléon venu rétablir l’esclavage en Guadeloupe, esclavage qui avait été aboli une première fois par la convention en 1794.

Vous aurez compris que l’esclavage aboli avait été rétabli et que c’est cette seconde abolition qui est l’objet du décret du 27 avril 1848 signé par Victor Schoelcher.

Oui, vous le voyez Mesdames et Messieurs, mes chers enfants, les libertés ne sont jamais définitivement acquises. L’esprit de lutte et l’esprit critique doivent nous animer tous, pour éviter tout retour en arrière.

Soyons vigilants !, faisons un rêve, celui d’un monde meilleur et de liberté, comme le fit Martin Luther King, cet autre combattant de la liberté assassiné il y a 50 ans.

Mesdames et messieurs, monsieur le Maire, la France est une vieille nation qui s’est construite avec des immigrations successives. Des français d’aujourd’hui sont venus d’Espagne, d’Italie, de Russie, de Pologne, à la recherche d’une vie meilleure ; ils n’étaient pas français de naissance, ils le sont devenus à leur demande, souvent après un véritable parcours du combattant ; mais il y a aussi nos parents, descendants d’esclaves, qui ont construit la France et qui se sont battus pour elle, des Guadeloupéens, des Martiniquais de la dissidence qui ont rejoint le Général de GAULLE au moment de l’appel du 18 juin 1944, des Guyanais, des Réunionnais, des originaires d’Afrique du Nord, des originaires d’Afrique noire et des femmes et des hommes venus d’ailleurs qui souffrent du racisme, de la xénophobie, de la haine et de l’antisémitisme.

Je vous invite à être comme Aimé CESAIRE, la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, et à faire de votre voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir.

Ne laissons pas la voie libre à ceux qui prônent l’oubli, l’injustice, l’intolérance et la haine de l’autre.

Humaniste, nous devons l’être. Il n’est pas nécessaire d’être juif pour s’offusquer et condamner l’assassinat de Mireille KNOLL ; il n’est pas nécessaire d’être Noir pour s’offusquer et condamner les actes racistes dont sont victimes les Noirs.

L’Homme doit-être respecté et quelle que soit sa croyance religieuse.

Mes chers enfants, Mesdames et Messieurs, j’arrive au terme de mon propos et je dois vous dire, mais vous le voyez de vos yeux, la France est de toutes les couleurs, elle est belle ainsi. Elle porte les couleurs de l’Europe, les couleurs de l’Afrique, les couleurs de l’Asie, les couleurs des Outre-mer, elle est multicolore.

Elle est dans le Tout-Monde d’Edouard GLISSANT;

C’est le pays de Blaise Cendras, de Guillaume Apollinaire, de l’Abbé Grégoire, de La Mulâtresse Solitude; c’est le pays de Jean Moulin, de Stéphane Hessel, de Gaston Monnerville, ancien Président du Sénat, c’est le pays d’Antoine de Saint-Exupéry le Père du Petit Prince et d’Alexandre Dumas le Père des trois Mousquetaires, c’est le pays de vos foot- balleurs préférés.

Mes chers enfants, la France est votre pays, c’est notre pays, ensemble nous allons tracer le chemin que nous lui voulons, votre présence est rassurante. Avec vous notre France n’oubliera pas ses chantres de l’Amour et de la liberté ;

Je vois en vous beaucoup de ces célébrités dont les noms ont retentis dans vos oreilles, je vous sais fiers, forts et lutteurs, alors faites vôtre cette pensée de Victor HUGO dans les « Châtiments » :

« Ceux qui vivent, se sont ceux qui luttent ; se sont ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front ; ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime ».

Je vous remercie.

José PENTOSCROPE
Économiste
Président du CIFORDOM
Initiateur du Prix Littéraire FETKANN ! Maryse Condé (Mémoire des Pays du Sud, Mémoire de l’Humanité)