Les premières élections législatives suivant une dissolution depuis celle de Jacques Chirac en 1997 mettent pour la première fois en France le Rassemblement National aux portes du pouvoir. Les résultats n’ont pas démenti l’enjeu : le parti présidentiel est mis en minorité et, pour la première fois sous la Ve République, l’extrême droite passe en tête au premier tour des législatives (elle s’était hissée sur la première marche aux européennes de 2014, 2019 et 2024).

Dimanche, avec près de 34 % des voix, le Rassemblement National emmené par Jordan Bardella a confirmé les sondages qui le donnaient en tête tout au long des trois semaines
de campagne express.

 

Ne soyez pas dupes

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL CONSTITUE UN DANGER POUR LA DEMOCRATIE
Le Rassemblement National est un danger pour la démocratie comme le prouvent les gouvernements populistes dans le monde entier (baisse des droits, violence envers les syndicalistes et l’opposition en Italie…). Ce n’est pas un hasard si le Rassemblement National prend régulièrement en exemple et soutient des dirigeants populistes et/ou d’extrême droite tels Vladimir Poutine, Viktor Orbán ou Giorgia Meloni.

Le Rassemblement National réduit la démocratie à la question du droit de vote, à un rapport direct entre le président de la République et le « peuple », ne laissant aucune place aux corps intermédiaires, aux organisations de la société civile.

Le Rassemblement National veut supprimer le système de représentativité issu de la loi de 2008. Ce système mesure le poids des organisations syndicales en fonction des votes des salariés et leur accorde le droit de négocier et signer des accords.

 

LES ETRANGERS RESTENT LES BOUCS EMISSAIRES DU RASSEMBLEMENT NATIONAL

Pour le Rassemblement National, l’immigration est à l’origine de tous les maux de la France. Le Rassemblement national fait un amalgame permanent entre immigration et insécurité, immigration et chômage, immigration et obscurantisme religieux. Or, aucune étude sérieuse ne valide de tels rapprochements. L’objectif de l’extrême droite est clair : empêcher les étrangers d’entrer en France, hors tourisme.
Le Rassemblement National oublie bien souvent que les descendants d’hommes qui ont payé le prix du sang pour défendre la France sont noirs et français.

 

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL DEFEND LA PREFERENCE NATIONALE QUI EST UNE IMPASSE

La préférence nationale est le cœur idéologique du Rassemblement National, et ce, depuis sa fondation. Concrètement, il s’agit d’attribuer préférentiellement aux Français des emplois, des logements sociaux, des allocations familiales, des aides d’État. Cela signifie donc refuser des logements, des services de soins, des aides comme l’AME (aide médicale d’État) à des personnes qui, comme les autres, travaillent, cotisent, participent par leurs achats à l’économie nationale (la TVA s’applique à tous).

C’est l’application d’un principe de discrimination au sein de la population vivant sur le territoire national en fonction de son origine. Cela est contraire à l’article premier de la Constitution.

Sur le logement, en cherchant à imposer la « préférence nationale », le Rassemblement national (RN) souhaite que les citoyens français aient la priorité sur les étrangers, y compris ceux qui résident légalement en France, pour accéder à des logements sociaux. L’accès aux logements sociaux est sous conditions de revenus et taille du ménage et ne relève aucunement de l’origine des demandeurs. Si les ménages issus de l’immigration représentent 31% des locataires du parc HLM c’est parce que ce sont des travailleurs précaires qui occupent des emplois peu rémunérés, emplois indispensables au fonctionnement de l’économie. Conditionner l’attribution des logements sociaux ou les allocations logement à la « préférence nationale » entraînerait la détérioration des conditions de vie de ces ménages déjà précaires et cela ne règlera en rien la crise du logement qui est due à :

• des problèmes conjoncturels tels qu’une forte inflation, des taux d’intérêts élevés, des prix élevés des matières premières… ;
• des problèmes structurels tels que le manque de constructions nouvelles (notamment sociaux et intermédiaires), des prix élevés du foncier et des politiques de logement inadaptées aux enjeux de transition écologiques et de justice sociale.

Ces problèmes ne peuvent pas être résolus simplement en limitant l’accès aux logements pour certaines catégories de la population.

 

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL FAIBLE AVEC LES FORTS, DUR AVEC LES FAIBLES

Pour le Rassemblement National, minima sociaux et aides publiques devraient être conditionnés. Concrètement, ce serait supprimer ces aides si un enfant adopte un comportement jugé inadapté à l’école, par exemple. Une telle politique aurait des conséquences dramatiques pour les ménages concernés. Cela entraînerait une exclusion sociale et mettrait en danger parents et enfants, alors qu’un enfant sur quatre, vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté en France. A contrario, les députés du Rassemblement National se sont abstenus lors du vote à l’Assemblée Nationale sur le rétablissement de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) payé par les plus aisés.

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL UN ENNEMI POUR LA CAUSE DES FEMMES

Il suffit de regarder les votes des députés du Rassemblement national au Parlement européen pour avoir la preuve qu’ils ne sont en rien en faveur des femmes. Ils se sont abstenus sur la lutte et la prévention des violences faites aux femmes ou encore sur les mesures favorisant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Au niveau national, ce n’est pas mieux : en 2023, ils ont voté contre une proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique.

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL : UN LONG SOUTIEN A VLADIMIR POUTINE

Que ce soit à l’échelle nationale ou à l’échelle européenne, les députés du Rassemblement National se sont abstenus lors du vote de mesures d’aide et de solidarité envers l’Ukraine.

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL EST INCOMPATIBLE AVEC LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE JUSTE

Le Rassemblement National oppose les sources d’énergie bas carbone entre elles (entre éolien et nucléaire par exemple Aussi, le Rassemblement national propose une baisse de la TVA sur l’électricité, le gaz, le fioul et les carburants ; une mesure qui profitera encore une fois aux plus riches qui sont les plus gros consommateurs.

Le Rassemblement National critique l’interdiction de production de nouvelles voitures thermiques en s’appuyant sur les interrogations des Français quant à la pertinence de l’achat d’une voiture électrique. Mais nous avons besoin d’électrifier nos voitures pour réduire la pollution, défendre le climat et notre santé. La question n’est donc pas de revenir sur cette interdiction mais d’accompagner les foyers pour y accéder.

Le Rassemblement National prétend défendre une alimentation de qualité accessible à tous mais dénonce le poids des normes environnementales agricoles.
De plus, dans toutes les transformations écologiques aujourd’hui inévitables, le Rassemblement National ne propose aucune mesure d’accompagnement et de sécurisation des parcours.

 

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL : UN MODÈLE D’ÉCOLE D’UN AUTRE TEMPS

S’il est indéniable que l’école en France traverse une crise, les solutions proposées par le Rassemblement National ne feraient que l’aggraver.
Le Rassemblement National propose pour les élèves :

• Un programme scolaire en primaire concentré sur le français, les mathématiques et l’histoire de France, excluant l’histoire de l’esclavage et non plus une ouverture sur les autres et le monde, les enjeux climatiques, les sciences, les langues, les matières
d’avenir comme le numérique…
• Une orientation précoce et subie des élèves et non plus l’acquisition d’un socle
commun de connaissances, de compétences et de culture ;
• Des méthodes d’enseignement uniformes et non plus des pédagogies adaptées aux
besoins des élèves ;
• Le mérite et le travail comme seuls critères d’évaluation et non plus la prise en compte
des inégalités sociales et économiques ;
• La multiplication des sanctions et des amendes pour les parents d’élèves, parfois en
difficulté et non plus une dimension éducative et proportionnée de la sanction.

RETRAITE À 60 ANS, VRAIMENT ?

La position sur les retraites du Rassemblement national est pour le moins floue : 65 ans, puis 60 ans pour tous, puis 60 ans sous condition. Aucune position claire n’en ressort à ce jour. En 2024, Jordan Bardella affirme revenir sur la réforme à 64 ans avant de se rétracter puis de l’affirmer de nouveau.

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL : UN PROGRAMME ÉCONOMIQUE QUI APPAUVRIRA LES SALARIES ET LES OUVRIERS

Pour le Rassemblement National les richesses créées sont un gâteau dont la taille ne grossira pas. Il faut donc exclure les « assistés » (comprendre les pauvres) et les immigrés pour être moins nombreux à se partager le gâteau. Pourtant, la France crée toujours davantage de richesses capables de satisfaire les besoins. Le problème, c’est que les plus riches accaparent la plus grande partie du gâteau. Il ne faut donc pas réduire le partage mais au contraire effectuer une meilleure redistribution des richesses créées.

Le programme économique du Rassemblement National est ultra-libéral. Le Rassemblement National souhaite réduire les impôts des entreprises en baissant les impôts de production qui financent la Sécurité Sociale. En revanche, rien dans le programme du Rassemblement National n’est proposé afin de réduire les inégalités et les écarts de salaires qui pénalisent surtout les femmes. Au contraire, le Rassemblement National veut baisser les cotisations sociales ce qui signifie réduire les salaires bruts.

En résumé, le programme du Rassemblement National bénéficierait avant tout aux plus riches et surtout à ceux qui vivent de leur capital et non de leur travail. Le Rassemblement National ne défend pas des mesures « sociales » mais un programme économique clairement libéral.

 

RASSEMBLEMENT NATIONAL: LE MIRAGE DE L’AUGMENTATION DE 10% DES SALAIRES

Le Rassemblement National propose qu’une entreprise qui augmenterait de 10% les salaires soit exonérée de cotisations patronales sur cette hausse. Cela pendant 5 ans et chaque fois que l’entreprise augmenterait de 10% les salaires. Cette mesure qui peut sembler est un leurre. Tout d’abord, il faut rappeler ce que le Rassemblement National semble ignorer : les employeurs bénéficient déjà d’exonérations de cotisations quasiment totales sur les salaires autour du Smic. Ils n’auraient donc aucun intérêt à augmenter les salaires de 10% puisque cela ne leur offrirait aucune baisse de cotisation patronale supplémentaire. Cette mesure aurait donc très peu d’effet pour salariés les moins bien payés qui sont pourtant ceux qui en auraient le plus besoin. Mais surtout, cette proposition serait néfaste à plusieurs titres. D’une part, cette proposition renforcerait les inégalités. En effet, les entreprises qui bénéficient d’exonérations de cotisations patronales sur les salaires peu élevés développent des politiques salariales qui bloquent les augmentations de salaires afin de maintenir ces exonérations. D’autre part, cette proposition pourrait induire une réduction des droits. En effet, c’est par les cotisations sociales que sont financés les droits à l’assurance maladie et les indemnités journalières mais aussi le salaire indirect (ou différé) c’est-à-dire les droits futurs à la retraite ou à l’assurance chômage. Au final, cette proposition, loin d’être favorable au pouvoir d’achat des salariés les moins bien payés, conduirait à un manque à gagner.

 

RASSEMBLEMENT NATIONAL : MOINS DE FONCTIONNAIRES ET CASSE DES SERVICES PUBLICS

Pour faire des économies, le Rassemblement National propose de réduire drastiquement les postes administratifs dans les hôpitaux ou à l’Éducation nationale (-10%). Concrètement, cela signifie supprimer des postes considérés comme inutiles par le Rassemblement National et pourtant essentiels au bon fonctionnement des services publics. De plus, cela se traduira par le recours à des prestataires privées, augmentant alors le coût de ces missions qui ne peuvent être supprimées.